Juste la fin du monde, cinéma.

Publié le 5 Octobre 2016

Juste la fin du monde de Xavier Dolan Drame / 1h37min / Canado-français / 2016

Juste la fin du monde est le sixième film de Xavier Dolan et l'adaptation de la pièce du même nom, écrite par Jean-Luc Lagarce.

Ce film est un huis clos, c’est le deuxième de Dolan (son premier était Tom à la ferme). Il nous parle ici de sa famille qui est définitivement son thème de prédilection. Il a reçu au Festival de Cannes la récompense la plus prestigieuse derrière la Palme d’Or. Dans ce film, les personnages ne se déplacent que très peu d’où un sentiment possible d’inaction pour certains

d’entre vous.

Ici, Dolan traite d’un sujet des plus graves, à bord d’un avion Louis (Gaspard

Ulliel) qui se rend auprès de ses proches après douze années d’absence.

Cette période a été marquée par la réussite et l’épanouissement, loin des siens, du metteur en scène de théâtre homosexuel. Il vient leur annoncer sa mort prochaine. Il lui faudra trouver le bon moment et les bons mots.

Le premier plan du film est d’ailleurs sur Louis, il est calme et la douceur de sa voix règne. C’est donc paradoxalement qu’il se montrera à l’écoute des autres : sa sœur cadette Suzanne (Léa Seydoux), qu’il a connu si petite, sa mère extravagante Martine (Nathalie Baye), sa belle-sœur Catherine (Marion Cotillard) qu’il rencontre pour la première fois. Et il y a ce frère aîné, haineux, Antoine (Vincent Cassel), exaspéré par les moindres paroles que l’on peut adresser à son frère, et profondément irrité par la sensibilité dont peut faire preuve ce dernier. Juste la fin du monde se déroule dans un état d’affolement inerte, et toute sa force s’exprime au travers de détails et souvenirs, de regards et de paroles à double sens.

Si Xavier Dolan a retrouvé le format classique, la sensation d’étouffement que provoquait le format carré de Mommy hante toujours son cinéma. Le film ne se compose que de gros plans sur les visages, d’un panel de personnages embarrassés par ces retrouvailles brutales, provoquant la méfiance mais aussi la défiance.

La première à comprendre pourquoi Louis est de retour est Catherine, au cours d’un simple échange de regards. Mais cette dernière est prise d’un doute, d’autant que sa main tendue vers Louis plus tard ne mènera pas celui-ci à la délivrance. L’atmosphère est pesante, le spectateur retrouve un peu de souffle dans quelques séquences musicales au détour d’un souvenir d’amour de jeunesse ou bien d’une petite danse dans la cuisine.

Marion Cotillard est délicate, douce et maladroite alors que Léa Seydoux, est une jeune femme pleine de vie. Nathalie Baye peinturlurée et extravagante, lors d’un tête à tête avec son fils Gaspard Ulliel, on la découvre avec un visage maternel touchant qui la suivra jusqu’au bout. Vincent Cassel hérite du personnage le plus horripilant de la tablée, un rôle qui malgré ses attaques insupportables, est compréhensible.

Juste la fin du monde annonce un final bouleversant mais qui laisse insatisfait. Cette chronique familiale haute en sensibilité dépeint l'hystérie de chacun, derrière la problématique de l’annonce d’un décès proche, traite de l’homosexualité en silence. Ce film soulève également, à travers le personnage central incarné par Ulliel, la difficulté de se construire loin de ses proches sans avoir de regrets, sans être frappé un jour ou l’autre par les méfaits du temps passé sur la vie.

Clémence Busson.

Xavier Dolan ©

Xavier Dolan ©

Xavier Dolan ©

Xavier Dolan ©

Rédigé par Clémence Busson

Publié dans #Cinéma, #Xavier Dolan

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